S'approprier les notions de communs

Cette page a pour objectif de poser des bases solides à la compréhension de ce que sont les communs et à ce qu'implique des communautés autour de ces derniers. Ce contenu est proposé par l'équipe Ouishare et a vocation à être approprié par toute personne embarquant dans une démarche de communs ou simplement curieuse à ce propos.

Les communs et leur communautés peuvent paraître des entités un peu nébuleuses. Comment ça se forme ? Comment ça marche ?

Pour éclairer le brouillard autour du fonctionnement de ces communautés encore souvent mal comprises, ce guide à été divisé en deux :

La première partie, plus courte, vise à prendre de la hauteur sur le fonctionnement des communs, leurs différentes phases de maturité, et les moyens qu’il faut investir pour que ça puisse marcher sur la durée.

La deuxième partie du guide est beaucoup plus pratique. Elle partage les questions à se poser avant de lancer un commun, pour bien réfléchir à nos objectifs et comprendre si on rassemble les éléments nécessaires au développement d’une communauté. Puis elle développe les actions à mener à bien pour se donner le plus de chances de succès.

Commençons donc par prendre un peu de recul et se donner l’élan nécessaire avant de sauter dans l’inconnu :

Vision Globale : Comprendre de quoi ont besoin les communauté qui portent les communs

Il y a trois notions clés qui peuvent aider à comprendre ce qui se cache derrière le développement d’un commun et de sa communauté.

En partant de l’hypothèse qu’un commun est participatif, nous pourrions imaginer une proportion “parfaite” utilisateur-contributeur de 1 pour 1, où chaque utilisateur devient aussi un contributeur au commun.

Dans la pratique, le nombre d'utilisateurs et de contributeurs d'un projet se développent à des rythmes différents, parfois indépendamment les uns des autres.

Certains projets semblent avoir beaucoup d'utilisateurs mais peu de contributeurs. D'autres ont une communauté de contributeurs actifs, mais ne sont pas très utilisés.

En nous concentrant sur la relation entre les contributeurs et les utilisateurs, nous pouvons considérer les projets en termes du nombre de contributeurs et d’utilisateurs.

Cela nous donne quatre modèles de production : les fédérations et les clubs, qui sont des communs, et les jouets et les stades, qui ne sont pas des communs
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Tableau des modèles de production

Quels sont les facteurs qui contribuent à ces différences ?


Les utilisateurs

Dans son livre “Write Useful Books”, Rob Fitzpatrick partage la formule DEEP pour comprendre les quatre facteurs qui font qu’un livre peut se diffuser largement, même si un auteur ne s’y connaît absolument pas en communication.
Et cette formule DEEP s’applique aussi aux communs. Pour attirer beaucoup de monde, un commun doit être :
Demandé : les gens veulent ce que vous promettez
Efficace : la solution proposé apporte des résultats réels
Engageant : Il est motivant d’y participer
Propre : le ressenti et les visuels sont professionnels

Mais pour que le commun attire du monde, les deux ingrédients cruciaux sont les deux premiers, la demande et l’efficacité.

C'est-à-dire, un projet demandé répond à un problème répandu qui touche beaucoup de monde. Et un projet efficace résout un problème mieux, ou au moins aussi bien, qu’une alternative propriétaire.

Par exemple, Wikipédia à réussi à faire mieux que l’encyclopédie Britannica en ouvrant la contribution. Mais un projet comme Gimp n’arrivera pas à détrôner Photoshop tant que le logiciel ne sera pas aussi puissant et complet, même s’il est ouvert.

Si votre projet remplit ces conditions de demande et d’efficacité, mais qu’il n’est pas engageant ou poli c’est moins grave, mais ça ne peut qu’aider à encourager les gens à participer et recommander le projet.

Quand on parle des quatres types de projets ouverts, les “clubs” ou les “jouets“ manquent de demande pour développer des audiences suffisantes. Mais il faut garder en tête qu’il y a des projets de niche qui restent quand même très utiles. Les projets “clubs” peuvent avoir des petites audiences de spécialistes, mais une grande proportion des utilisateurs sont des contributeurs.

Les stades sont des projets qui ont beaucoup d’utilisateurs, mais peu de contributeurs, eux sont en forte demande et efficaces, mais n’ont pas réussi à engager leur communauté.

Au contraire, les communs ont réussi à remplir les quatre critères. Linux, Wikipedia ou Wordpress, pour citer les plus grands, sont tous efficaces à proposer des solutions de système opérationnel ouvert, d’encyclopédie en ligne, ou de blog ouvert parce qu’ils marchent tous et remplissent un besoin suffisamment répandu, et ont trouvé un moyen de faire participer leurs communautés pour enrichir le commun.

Il peut être utile de garder ces quatre éléments en tête pour comprendre le potentiel du commun, et voir s’il manque une ou plusieurs conditions pour qu'il puisse développer son audience, ou comprendre sur quels leviers travailler.

Mais qu’est-ce qui fait qu’un commun puisse engager des contributeurs ?

Les contributeurs

D’un autre côté, la croissance du nombre de contributeurs d'un projet est fonction :
du “périmètre” technique,
du support requis,
de la facilité de participation
et de l'adoption par les utilisateurs

Le “périmètre” technique fait référence à la taille et à la complexité d'un projet : en d'autres termes, il s'agit de savoir ce qu'il reste à faire.

Un projet dont les fonctionnalités semblent complètes n'attirera pas autant de contributeurs qu'un projet extensible et personnalisable.

Il peut être largement utilisé, mais cela ne signifie pas qu'il reste beaucoup de choses à faire.

Le support requis ne concerne pas seulement l’amélioration ou la correction du projet, mais aussi les tâches de support, comme la réponse aux tickets ouverts ou l'examen des propositions de contributions externes.

La première de ces tâches d’amélioration d'un projet est considérée comme un travail "amusant" que les contributeurs potentiels peuvent s’empresser d'entreprendre, alors que la seconde, la révision des tickets, est un travail nécessaire qui tend à concerner exclusivement les responsables de la maintenance du projet. Il est beaucoup plus facile d'inciter un nouveau contributeur à écrire une nouvelle fonctionnalité intéressante que de lui demander de trier les tickets.

En outre, les tâches telles que le triage des tickets nécessitent une plus grande familiarité avec le projet qu'un contributeur occasionnel. Une personne qui travaille sur un projet depuis des années sera en mesure de reconnaître les doublons ou les questions fréquemment posées plus rapidement qu'un nouveau contributeur.

Un projet peut avoir une petite base de code mais nécessiter beaucoup de soutien de la part des utilisateurs, et vice versa.

Par exemple, Font Awesome, une boîte à outils d'icônes populaire, est un projet qui a un champ d'application restreint du point de vue du code, mais qui reçoit beaucoup de nouvelles demandes d’icônes et de contributions de la part de ses utilisateurs.

La facilité de participation fait référence à la facilité avec laquelle une personne peut contribuer au projet. Ça dépend en partie de son “scope” technique, mais d'autres facteurs entrent en ligne de compte :
la qualité de la documentation,
la réactivité des responsables,
la bienveillance (ou l'hostilité) perçue dans les interactions sociales,
les outils ou les compétences préexistantes nécessaires pour apporter une contribution.

Lorsqu'il s'agit d'attirer de nouveaux contributeurs, il existe une grande différence entre les projets sur des plateformes populaires comme GitHub et ceux qui ne le sont pas. Beaucoup de potentiels contributeurs qui connaissent des outils comme Github ou Gitlab seront plus à même de contribuer que s’ils doivent apprendre à naviguer un nouvel outil comme Phabricator par exemple, vu que c’est plus intimidant et que ça demanderait beaucoup plus de travail de prise en main.

Comme évoqué précédemment, l'adoption par les utilisateurs fait référence à la portée d'un projet : combien de personnes pourraient potentiellement contribuer à ce projet ? Étant donné que la plupart des contributeurs commencent par être des utilisateurs d'un projet open source, l'adoption par les utilisateurs est un moyen d'estimer le nombre total de contributeurs potentiels d'un projet.

En théorie, plus un projet aura d’utilisateurs, plus on peut s’attendre à ce qu’il ait de contributeurs.

Les projets open source peuvent passer d'un quadrant à l'autre. Les projets à un stade précoce qui commencent comme des clubs peuvent évoluer vers des communs au fur et à mesure que le taux de croissance des utilisateurs évolue, tout comme les jouets peuvent évoluer vers des stades.

D'autres projets peuvent avoir une forte croissance du nombre d'utilisateurs mais une croissance artificiellement faible du nombre de contributeurs en raison de facteurs tels que le manque de moyens pour animer la communauté ou des guides de contribution insuffisants.

En facilitant les contributions ou en réduisant le “scope” technique et les obstacles à la contribution, les responsables peuvent faire passer leurs projets d'un modèle de stade ou le porteur du projet fait tout à un modèle de commun ou la communauté peut s’impliquer

Voyons maintenant plus en détail les différentes phases par lesquelles passe un commun.

Pour aller plus loin:
Working in Public, par Nadia Eghbal

Il y a généralement cinq étapes dans la maturité de chaque communauté.
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Stages of community of practice
Source: Communities of Practice
1/ Création : nous identifions et créons des relations avec les personnes qui pourraient participer au commun et nous validons des activités à faire ensemble.

2/ Formation : de plus en plus de membres sont actifs et participent aux activités proposées dans la communauté et recrutent de nouveaux membres.

3/ Maturité : les membres de la communauté produisent 90% de l’activité et la modération de la communauté, et ne dépendent plus des initiateurs.

4/ Autonomie et saturation : la communauté à atteint son plein potentiel, produit régulièrement de nouveaux contenus et activités, est complètement optimisée, et il ne reste presque plus de nouveaux membres à recruter.

5/ Transformation et division : La phase de transformation et de division commence lorsque la communauté est presque entièrement autonome et se poursuit indéfiniment, mais commence à évoluer dans de nouveaux sujets de niche. Pour celà la communauté s’adapte en s’organisant en sous-groupes plus ciblés. Toutes les communautés ne parviennent pas à cette phase.

Chaque étape permet au leader d’un commun de comprendre son rôle. Le besoin d'énergie et de visibilité à apporter est à l'opposé de celui de la communauté elle-même; plus la communauté devient mature, moins elle dépend du leader pour fournir l'énergie nécessaire à son succès.

Dans des conditions normales, vous commencez lentement, vous accélérez progressivement, vous atteignez un pic, puis un niveau de maintien où vous avez un nombre constant de nouveaux membres qui reflète la popularité du sujet que porte le commun lui-même.

Mais quels moyens faut-il mettre dans un commun à court et long terme ?

Pour aller plus loin :
Towards a maturity model for online Networked communities, par We are Open et Get Together The Science Behind Growing A Thriving Online Community, par Feverbee

Il existe la croyance répandue qu’une fois lancé, un commun peut devenir autonome. Quand les gens pensent à des communs et à leur communauté, il y a une grande excitation à investir dedans vu l’argent que ça peut économiser.

Mais cette croyance finit par condamner la soutenabilité du commun.

Beaucoup de projets open source sont donc lancés parce qu’ils étaient utiles au démarrage, mais laissés sans moyens une fois lancés. Les créateurs du commun doivent donc vaquer à d’autres activités pour pouvoir subvenir à leurs besoins, et il ne reste donc personne en charge de la maintenance de la ressource ou de continuer à prendre soin de ce dont la communauté à besoin pour s’épanouir.

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Infrastructure
Source: XKCD
L’investissement dans un projet de commun peut s'assimiler à celui d’une infrastructure physique (routes, services publics, télécommunications) et ses économies d’échelle.

Les logiciels ou les données peuvent avoir des coûts fixes élevés pour produire la ressource, suivis de coûts marginaux faibles. Ou dit avec un peu moins de jargon économique : le démarrage est cher, mais chaque utilisateur en plus entraîne des coûts relativement faibles.

Une compagnie d'électricité a des coûts initiaux élevés, mais une fois que son infrastructure est en place, chaque client supplémentaire est bon marché.

Par conséquent, ces types d'industries ont tendance à devenir des monopoles, en raison des économies d'échelle. Il est tout simplement moins cher de consolider ces coûts fixes élevés en un seul endroit, et il est plus difficile pour les nouveaux arrivants de les surmonter.

De même, si l'on considère qui fournit la main-d'œuvre à un projet open source, il est "coûteux" d'intégrer de nouveaux mainteneurs ou contributeurs, car la maintenance nécessite souvent des connaissances qui ne sont pas facilement externalisables à d'autres. Les nouveaux arrivants ont donc tendance à apporter des contributions occasionnelles, au lieu de participer à des tâches plus complexes liées à la gestion de projet.

Étant donné les coûts fixes élevés de l'accès à la fonction de mainteneur, les connaissances nécessaires à la maintenance ont tendance à rester concentrées entre les mains d'une ou de quelques personnes. Plus elles restent longtemps sans externaliser ces connaissances, plus il devient difficile pour les nouveaux arrivants de participer.

En phase d’amorçage il est donc assez intuitif d’investir dans la création de la ressource. Mais un investissement tout aussi crucial mais qui à tendance à être négligé, est de s’assurer qu’il y a des équipes qui ont les moyens d’être responsable sur le long terme de maintenir l’activité de la communauté et continuer à s’adapter aux besoins de l’écosystème.

Mais comment justifier cet investissement du point de vue d’une organisation publique ?

Couvrir et maintenir les routes d’un pays peut coûter des milliards. Mais ces routes rapportent beaucoup plus qu’elles ne coûtent en développant la capacité d’un pays et de son économie. De même, si demain nous devions arrêter Wikipédia, les coûts pour accéder à ces informations exploseraient ou deviendraient simplement impossibles.

Donc pour être capable d’articuler la valeur d’un commun il suffit de demander : qu’est-ce que nous perdons si le commun s’arrête aujourd’hui ? Qu’est-ce qui devient possible si on continue à investir dedans ? Qui serait impacté ? Quels sont les risques de ne pas avoir d’alternatives ouvertes à des services propriétaires ?

Les communs font partie d’écosystèmes. Investir dans les gens qui y contribuent et entretiennent le commun est ce qui rend les communs autonomes.

Pour aller plus loin :
Roads and Bridges, par Nadia Eghbal

Avant de démarrer une communauté

Lancer un commun peut apporter beaucoup de succès à une organisation, et de satisfaction à ses équipes et les membres de la communauté. Et en plus c'est une tendance qui a le vent en poupe.

Mais la question à se poser avant tout est : Pourquoi ? A quoi va servir ce commun ?

Créer un commun et rassembler une communauté autour peut représenter un investissement important, et c'est un engagement à long-terme. Ce n'est donc pas une décision à prendre à la légère.

Pour qu'un commun puisse marcher, il faut donc qu'il résolve un problème pour les membres de sa communauté et pour la ou les organisations qui portent le commun.

Pour cela il est important de bien comprendre:
le problème que votre organisation ou vous-même avez,
et que le fait de démarrer un nouveau commun ou contribuer à un commun existant apporte une solution effective à ce problème.

Pour s'assurer que votre organisation est alignée et va vous soutenir, la première étape est d'impliquer la direction dans la définition des objectifs du commun. Quels sont les objectifs ou les défis auxquels fait face l'organisation par rapport au sujet que vous amenez ?

Listez-les et priorisez-les avec votre direction.

Par exemple, des exemples de défis pourraient être d'améliorer un produit, d’augmenter son utilisation, d’améliorer le support, d’enrichir ses données, de diversifier ses usages ou de collaborer avec d'autres pays.
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Feasibility
La deuxième étape est de tourner ses objectifs ou défis en rôles que la communauté pourrait prendre pour aider sur ces défis.

Il y a beaucoup de manières différentes dont les membres d'une communauté pourraient aider :
  • Développer et améliorer le produit avec du code, des données, du feedback sur le produit;
  • Diffuser (promouvoir le projet et attirer de nouveaux utilisateurs, organiser des événements) ;
  • Modérer pour maintenir la communauté bien organisée, donner l'exemple et accueillir le reste des membres ;
  • Organiser des événements ou des groupes de travail locaux, thématiques ou virtuels ;
  • Apporter d'autres types de contributions comme de la documentation, du contenu, des traductions ou la correction de bugs…;
  • Faciliter pour créer de nouvelles conversations dans la communauté ;
...

La troisième étape serait de prioriser ces rôles par rapport à leur faisabilité :
1/ Est-ce que ces rôles sont des comportements que les membres veulent faire et est-ce qu’ils demandent beaucoup d'efforts ?
2/ Est-ce que les membres remplissent déjà ces rôles aujourd'hui (ou montrent un fort désir de les remplir) ?
3/ Est-ce qu'il y a une forte concurrence pour faire que les membres remplissent ces rôles ?

Une fois que l'objectif du commun est fixé, que vous savez comment vous aimeriez faire participer la communauté, et qu’ils remplissent déjà ces rôles, il s’agit maintenant de comprendre qui sont les contributeurs que nous aimerions inviter à participer.

Mais avant ça, une note importante.
Il y a une distinction cruciale entre un utilisateur et un contributeur d’un commun.

Un utilisateur va faire usage du commun pour remplir ses besoins, mais il n'a pas toujours l’expertise ou la disponibilité nécessaire pour améliorer ou maintenir le commun. C’est en quelque sorte un consommateur.

Un contributeur est un pair ou un expert qui a les compétences pour enrichir et entretenir le commun.

Par exemple, dans Wikipedia, il peut y avoir des milliards de lecteurs qui cherchent des informations, mais seulement quelques dizaines de milliers de contributeurs qui codent, écrivent, éditent, ou traduisent l’encyclopédie.

Donc quand on cherche à comprendre à qui s'adresse le commun, il y a deux questions que vous pouvez vous poser:

1/ Qui sont et où se trouvent les utilisateurs finaux du commun ?
Quel est leur niveau d’expérience ? Est-ce que ce sont des débutants ou des experts ? Est-ce qu’ils se trouvent dans une région en particulier (par exemple, à Paris, à Madrid, à New Delhi…), à un secteur en particulier (technologie, culturel, cartographie,...), ou à un type d'organisation (petite, moyenne, grande, publique, privée…).

Plus votre cible sera resserrée, plus ce sera simple d’attirer des gens au démarrage.

2/ Qui sont et où se trouvent vos contributeurs qui ont l’expertise et la motivation pour contribuer aux rôles dont vous avez besoin pour faire avancer le commun ?
Est-ce que ce sont des utilisateurs, des clients, des développeurs, des concurrents, des bureaux d’études, des fournisseurs, des chercheurs universitaires, des étudiants, des traducteurs, d’autres communs, des collectivités, des professionnels, des associations, des agences publiques… ?

Nous allons approfondir ce point sur la recherche des contributeurs dans les sections suivantes.

Sur Internet et sur les réseaux sociaux, la règle du “1/10/100” s’applique : 1% des personnes créent la plupart de l’activité de la communauté, 9% y contribue, et 90% la consomme.

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Circles

Mais cette règle s’applique aussi à la plupart des communautés physiques, comme des partis politiques, des pays, des groupes d’amis, et bien sûr les communs.

Par exemple, sur Wikipedia, il y a des centaines de millions d’utilisateurs, autour de 100 000 contributeurs actifs, et un groupe encore plus petit de 4 000 écrivains et éditeurs qui font plus de 100 éditions par mois. Donc leurs contributeurs actifs représentent à peine 0.02% de leurs utilisateurs.

Donc il devient crucial de comprendre comment embarquer ces “super-contributeurs”.

Et pour ça nous pouvons utiliser la courbe d'engagement, créée à l'origine par Conner et Patterson (1982) pour modéliser le changement organisationnel. C’est un outil qui sert à aider les organisations à dessiner le parcours des membres de leur communauté et voir quelles activités proposer pour aider les membres à s’engager de plus en plus dans les activités de la communauté.

L'idée est simple : au fil du temps, plus l'engagement d'un membre augmente, plus sa contribution à la communauté est importante.

Une courbe générique d'engagement communautaire ressemble à ceci :
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Courbe

Courbe d’engagement d’une communauté, inspiré des travaux
de Conner et Patterson, puis de Douglas Atkins et de David Spinks.

Cette courbe d'engagement sert à illustrer "quelles demandes faire, à quel moment" pour chaque type de membres de la communauté.

Quand un membre arrive dans une nouvelle communauté, il est utile d’abaisser la barrière à l’entrée avec des demandes simples et de les faire avancer progressivement dans la courbe d'engagement avec des demandes de plus en plus difficiles, qui obtiennent de plus en plus d'engagement et qui génèrent aussi des récompenses de plus en plus importantes.

Par exemple, chez FreeCodeCamp, une plateforme éducative open source pour apprendre à coder, cela signifie qu'il ne faut pas demander immédiatement à un nouveau membre d’éditer des articles du blog. Il faut d'abord leur demander de lire un article, puis de proposer un article.

Au sein des Repair Café, cela signifie qu'il ne faut pas demander à un nouveau membre d’organiser un atelier de réparation. C’est plus simple de demander d'abord de venir réparer un objet, puis de les inviter à venir en réparer ensuite pour d’autres personnes.

La psychologie sous-jacente c’est que nous sommes plus susceptibles de dire oui à une demande si nous avons déjà dit oui à des demandes plus modestes qui nous ont apporté quelque chose de positif.

Mais il y a une nuance importante à garder à l’esprit.

Ce conseil ne s'applique que si vous travaillez à la croissance d'une communauté établie.

Si vous êtes en train de démarrer une communauté de zéro et que vous cherchez toujours à trouver des membres, vous devez commencer par la fin, c'est-à-dire, par chercher des personnes qui sont déjà très engagées.

Si vous commencez trop tôt à chercher à passer à l’échelle, votre communauté s'essoufflera avant de démarrer.

Au lieu d’essayer, comme font beaucoup de communs qui échouent, de rassembler des milliers de personnes qui pourraient potentiellement devenir des contributeurs un jour, concentrez vous à trouver une dizaine de personnes qui sont déjà convaincues.

Ça peut être des gens qui essayent déjà de faire ce que votre communauté offre, sans succès. Le seul obstacle à franchir est de les convaincre de le faire avec vous.

Pour celà vous pouvez leur présenter la vision du projet et comment ça va les aider à se rapprocher des objectifs qu’ils essaient déjà d’atteindre.

Par exemple, quand OpenStreetMap s’est lancé en 2004 dans le Euro Foo Camp, Steve Coast commence d’abord par partager un premier prototype du projet : une cartographie tracée à partir d'une trace GPS, collectée lors d'un trajet à vélo.
Il continue ensuite par recruter au Royaume-Uni des gens qui peuvent enrichir des données cartographiques et qui sont convaincus que les cartes financées par des fonds publics devraient aussi être partagées sous des licences libres. Les premières contributions à la carte Open Street Maps commencent à arriver en 2005, et à partir de 2006, de nouvelles organisations comme Yahoo, Automotiva Navigation Data ou l’Université d’Oxford commencent à contribuer avec des photos aériennes, des données routières ou à l’utiliser sur leurs sites.

Une fois que vous avez prouvé que des gens sont prêts à contribuer en haut de la courbe, vous pouvez vous concentrez sur les activités plus simples qui peuvent aider à recruter plus de monde dans la communauté.



Actions:
  • Cartographiez une courbe d'engagement communautaire.
Si vous avez plusieurs types de contributions (par ex : organiser un événement, faire une traduction, proposer d’enrichir des données), vous pouvez faire une courbe pour chacun de ces rôles.
  • Identifiez les actions situées en haut de la courbe qui créeront une valeur significative pour les autres membres de la communauté.
  • Trouvez les "convaincus" qui essaient déjà d'entreprendre ces actions et invitez-les à essayer de le faire dans votre communauté
  • (A noter : le premier contributeur à votre communauté c’est probablement vous).
Une fois que vous avez trouvé des membres qui sont prêts à prendre en main les activités dans le haut de la courbe, vous pouvez commencer à descendre la courbe et à mettre en place les activités pour intégrer les membres qui auront besoin d'être plus convaincus pour s’impliquer.



Aucune règle n'impose de promouvoir un projet de commun pendant son lancement.

Mais c’est toujours utile de faire connaître votre travail plutôt que d'espérer que d'autres le trouveront et l’utiliseront d’eux-mêmes. Pour celà il y a quelques étapes simples à suivre :

Définissez votre message
Avant de commencer à promouvoir votre projet, vous devez être en mesure d'expliquer ce qu'il fait et pourquoi il est important.

- Qu'est-ce qui rend votre projet différent ou intéressant ?
- Pourquoi l'avez-vous créé ?

Répondre à ces questions vous aidera à communiquer l'importance de votre projet.

Rappelez-vous que les gens s'impliquent en tant qu'utilisateurs, et deviennent éventuellement des contributeurs, parce que votre projet résout un problème pour eux.

Lorsque vous réfléchissez au message et à la valeur de votre projet, essayez de les considérer sous l'angle de ce que les utilisateurs et les contributeurs pourraient vouloir. Pour ça, on verra dans la section suivante quelques questions à poser à de potentiels contributeurs.

Aidez les gens à trouver et à suivre votre projet
Dans l'idéal, vous avez besoin d'une URL "d'accueil" unique que vous pouvez promouvoir et vers laquelle vous pouvez diriger les gens en rapport avec votre projet.

Il n'est pas nécessaire d'acheter un nom de domaine, mais votre projet a besoin d'un point de chute unique pour que les gens puissent s’en souvenir, savoir comment suivre le projet, comment vous contacter et où se réunir.

Ça peut être :

- une adresse Twitter,
- une URL GitHub,
- une page dédié sur votre site,
- ou un canal de chat.

Si vous prenez la parole lors d'une réunion ou d'un événement, assurez-vous que vos coordonnées figurent dans votre biographie ou dans vos diapositives.

Envisagez de créer un site web pour votre projet.
Un site web rend votre projet plus convivial et plus facile à naviguer, en particulier lorsqu'il est associé à une documentation claire et à des tutoriels.
Fournissez des exemples pour donner aux gens des idées sur la façon d'utiliser votre projet.

Si votre projet est hébergé sur GitHub, vous pouvez utiliser GitHub Pages pour créer facilement un site web.

Maintenant que vous avez un message pour votre projet et un moyen facile pour les gens de trouver votre projet, c’est le moment d’aller chercher votre public.

Allez sur Internet là où se trouve le public de votre projet
La sensibilisation en ligne est un excellent moyen de partager et de faire passer le message rapidement. En utilisant les canaux en ligne, vous avez la possibilité d'atteindre un public très large.

Tirez parti des communautés et des plateformes en ligne existantes pour atteindre votre public. Si votre projet open source est un projet de logiciel international, vous pouvez probablement trouver votre public sur Stack Overflow, Reddit, Hacker News ou dans des forums spécialisés que vous pouvez trouver en cherchant sur n’importe quel moteur de recherche.

Si vous avez un projet de données cartographiques francophones, vous pouvez aller sur un forum comme le Forum des Géocommuns, d’OpenStreetMap, d’OSGeo ou contacter la communauté qui porte GéoTribu.
Si votre projet est parfait pour les professionnels de la donnée, vous pouvez faire connaissance avec la communauté Python.

Au fur et à mesure que les gens apprendront à vous connaître, des occasions naturelles se présenteront pour parler de votre travail et le partager.

Trouvez des personnes confrontées au problème que votre projet résout. Recherchez dans les forums connexes des personnes qui font partie du public cible de votre projet. Répondez à leurs questions et trouvez, le cas échéant, le moyen de suggérer de manière subtile que votre projet peut être une solution.

Pour celà vous pouvez demander des retour sur le projet. Présentez-vous et présentez votre travail dans ces communautés. Précisez qui, selon vous, pourrait bénéficier de votre projet. Essayez de terminer la phrase : "Je pense que mon projet pourrait vraiment aider X, qui essaie de faire Y".

Écoutez les commentaires des autres et répondez-y, plutôt que de vous contenter de promouvoir votre travail.

Si personne ne répond à votre première campagne, ne vous découragez pas ! La plupart des lancements de projets de communs peuvent prendre des mois, voire des années. Si vous n'obtenez pas de réponse, essayez d’autres tactiques ou cherchez d'abord à ajouter de la valeur au travail des autres. La promotion et le lancement de votre projet demandent du temps et de l'engagement.


Allez là où se trouve physiquement le public de votre projet

Les événements physiques comme des conférences, des meetups ou des salons professionnels sont un bon moyen de promouvoir de nouveaux projets auprès du public. C'est un excellent moyen d'atteindre un public engagé et d'établir des relations humaines plus profondes, en particulier si vous souhaitez toucher les développeurs.

Recherchez des conférences spécifiques à votre langage de programmation ou à votre écosystème. Avant de soumettre votre intervention, faites des recherches sur la conférence afin d'adapter votre intervention aux participants et d'augmenter vos chances d'être accepté comme orateur à la conférence. Vous pouvez souvent vous faire une idée de votre public en regardant les orateurs d'une conférence.


Si vous êtes novice en matière de prise de parole en public, commencez par trouver une réunion locale en rapport avec la langue ou l'écosystème de votre projet.

Si vous n'avez jamais pris la parole lors d'un événement, il est tout à fait normal que vous vous sentiez nerveux ! Rappelez-vous que votre public est là parce qu'il veut vraiment entendre parler de votre travail.

Lorsque vous écrivez votre présentation, concentrez-vous sur ce que votre public trouvera intéressant : les problèmes à l’origine du projet, et la valeur que le projet peut apporter à votre public. Utilisez un langage convivial et accessible. Souriez, respirez et amusez-vous.

Lorsque vous vous sentirez prêt, envisagez de prendre la parole lors d'une conférence pour promouvoir votre projet. Les conférences peuvent vous aider à toucher un plus grand nombre de personnes, parfois dans le monde entier.

Construire une réputation : donner avant de demander

Au-delà des tactiques décrites ci-dessus, la meilleure façon d'inviter les gens à partager votre projet et à y contribuer est de partager leurs projets et d'y contribuer.

En aidant les nouveaux venus, en partageant des ressources et en contribuant de manière réfléchie aux projets des autres, vous développerez une réputation positive. Le fait d'être un membre actif de la communauté d’autres communs aide les gens à comprendre le contexte de votre travail et sera plus enclin à faire attention à votre projet et à le partager.

Le développement de relations avec d'autres communs peut même déboucher sur d'autres partenariats.

Il n'est jamais trop tôt, ni trop tard, pour commencer à construire votre réputation. Même si vous avez déjà lancé votre propre projet, continuez à chercher des moyens d'aider les autres.

Il se peut qu'il faille attendre longtemps avant que les gens ne remarquent votre projet de commun. Mais ne laissez pas cela vous décourager. Certains des projets les plus populaires aujourd'hui ont mis des années à atteindre un niveau d'activité élevé.

Pour aller plus loin : https://opensource.guide/finding-users/

Les futurs membres de votre commun vont d’abord participer à sa communauté parce que ça leur apporte quelque chose, pas parce que ça existe ou qu’ils y trouvent un sentiment d’appartenance.

Le sentiment d’appartenance n’arrive qu’après avoir intégré la communauté et avoir formé des relations.

Ce qui va les attirer en premier lieux c’est que ça leur permette de résoudre un problème, d'atteindre un objectif ou de contribuer à une vision qui leur tient à cœur.

Et pour celà un peu de recherche sur le terrain va vous aider à comprendre comment engager votre communauté.

C’est tentant de demander aux gens de quoi ils ont besoin et commencer à y travailler, mais ils le savent rarement eux même. C’est beaucoup plus facile pour tout le monde de répondre aux problèmes que nous avons plutôt qu’aux solutions à ces problèmes.

Et c’est autour de ces sujets que nous vous proposons d’organiser des entretiens avec les potentiels contributeurs que vous avez identifiés dans la partie précédente pour affiner votre recherche, comprendre qui pourraient être les membres de votre commun, leurs besoins, ce qu’ils attendent d’une communauté et comment ils pourraient y contribuer :

- Listez les personnes que vous avez commencé à identifier et qui pourraient être intéressées pour contribuer ou utiliser le commun. Commencez par les personnes avec qui vous avez déjà une relation, puisque c’est celles qui ont le plus de chance de vous répondre positivement pour faire un entretien. Mais contactez aussi des gens que vous ne connaissez pas bien, ces personnes seront plus honnêtes avec vous.


- Contactez-en 10 et proposez leur des visioconférences de 45 minutes pour faire des entretiens et valider leur intérêt pour participer au commun.


- Prenez plein de notes et synthétisez les 2-3 points clés de l’échange, puis envoyez leur un message pour les remercier pour leur temps et leurs retours.


- Au fur et à mesure que votre recherche et votre plan pour la communauté prennent forme, partagez leur et demandez leur si vous êtes sur la bonne voie.


- Au fur et à mesure que la communauté grandit, maintenez l'habitude de parler à des membres de la communauté régulièrement (au moins une personne par semaine).

Pour inviter ces personnes à un entretien, assurez vous de les mettre en valeur en rappelant que vous cherchez à faire appel à leur expertise pour construire une communauté qui serve des gens dans leur milieu et trouver d’autres personnes à contacter et avec qui se connecter.

Les questions elles même sont relativement simples. Pendant ces entretiens, ce qui sera crucial sera de mettre les gens à l’aise pour répondre à vos questions :

1. Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours et de ce à quoi vous consacrez la majeure partie de votre temps ?


2. Quels sont les principaux défis que vous essayez de dépasser ? Qu'est-ce qui vous empêche d’avancer dessus jusqu'à présent ?


3. Quelles sont les ressources qui vous aideraient le plus ? (Quel format / type de ressources aimeriez-vous avoir ?)


4. Quelles expériences et ressources pensez-vous pouvoir partager avec la communauté (par exemple : répondre à des questions, mentorer d’autres membres, organiser un événement, créer du contenu…) ? Qui aimeriez-vous aider ?


5. Y a-t-il quelque chose qui peut vous empêcher de participer au commun ? Y a-t-il quelque chose que nous pourrions améliorer ?


6. Avec qui vous serait-il le plus utile d'entrer en contact ? De qui aimeriez-vous entendre parler ?


7. Quelle serait la plus grande réussite possible pour vous personnellement ? Qu'est-ce qui changerait absolument la donne ?


8. Quel type de technologie utilisez-vous au quotidien ? Comment trouvez-vous l'expérience de la communauté aujourd'hui ?


9. Y a-t-il quelqu'un d'autre dans ce secteur à qui il serait utile d’inviter à cette communauté ? Pourriez-vous nous mettre en contact avec eux ?


10. Y a-t-il autre chose que nous puissions faire pour que cette communauté fonctionne pour vous ?

A la fin de vos entretiens vous devriez avoir une bonne compréhension des différents membres qui composent cette communauté, et prioriser les deux ou trois objectifs et besoins sur lesquels vous pouvez vous concentrer.

C'est une bonne chose que vous ayez des objectifs pour le commun, mais si vos membres ne sont pas motivés pour contribuer à ces objectifs, la communauté ne décollera pas.

Par exemple, si vous souhaitez proposer des idées sur votre plateforme, mais que les membres ne sont pas motivés pour l’essayer et vous faire part de leurs suggestions, votre communauté restera silencieuse.

Ou encore, si vous souhaitez que les membres commencent à organiser des événements mais qu'ils n'ont pas cette motivation, ce décalage vous mènera à l’échec.

La motivation est donc la pièce critique pour faire vivre la communauté d’un commun. Pourquoi est-ce que quelqu’un investirait du temps et de l’énergie à contribuer en aidant volontairement ?

La réponse est que ces personnes contribuent à quelque chose qu'elles valorisent plus que l’argent : des émotions positives. Ça peut paraître cliché, mais les gens sont prêts à donner de leur temps quand ils ont le sentiment d’être utiles, reconnus, respectés, connectés à des gens comme eux, ou de participer à des causes auxquelles ils croient.

Il est important d’éviter de récompenser les contributions de la communauté avec des biens matériaux ou de l’argent. Non seulement ça peut miner leur motivation, mais ça entraîne toute une série d’obligations légales.

Pour nourrir la motivation des membres il y a donc cinq types de récompenses qui peuvent être mobilisées pour vos principaux contributeurs :

1/ Accès :
Lorsqu’un membre fait des contributions régulières et utiles à la communauté et au commun, la motivation la plus puissante peut être d’accéder à un certain niveau de reconnaissance aux yeux des autres membres.

Concrètement ça peut être de :
Participer à la gouvernance du commun
Avoir des droits spéciaux pour modérer la communauté ou créer des groupes
Valider les contributions d’autres membres
Avoir un accès direct aux personnes qui portent le commun dans l’organisation
Avoir accès à la feuille de route du projet en avant première
Participer à des événements exclusivement ouverts à des “super contributeurs”
Avoir accès à des formations qui les intéressent et leur permettent en même temps de faire des contributions encore plus poussées

Tout celà permet aux contributeurs les plus actifs de se sentir appréciés et leur montrer que leur travail sert à quelque chose.

2/ Statut et reconnaissance :
Vos contributeurs les plus actifs veulent sûrement aller au-delà de la simple participation. Ils peuvent aussi vouloir prendre le lead, construire une réputation et être validés par les autres membres et l’organisation.

Pour celà, quelques actions simples pour reconnaître ces contributeurs peuvent être de :
Nommer les contributeurs plus actifs de votre communauté pendant un événement
Recevoir une note personnelle de la part du Président ou d’un directeur de l’organisation
Donner l’option de montrer des badges qui permettent d’identifier les membres qui contribuent le plus comme des “Super contributeurs” à côté de leurs contributions ou de leur profils
Montrer depuis combien de temps les membres appartiennent à la communauté
Montrer les événements auxquels ils ont participé

Plus vous pouvez aider les membres à sentir que leur contributions sont reconnues et qu’elles augmentent leur statut, plus ces membres seront à même de contribuer et prendre des responsabilités dans la communauté sur la durée.

3/ Influence:
Le troisième levier de motivation principal est l’influence, le fait de sentir que nos contributions ont un impact sur la communauté.

Ça peut être la portée de leurs contributions, la gratitude qu'ils reçoivent ou les résultats des actions auxquelles ils ont participé.

Vous pouvez valoriser l’influence de vos contributeurs principaux par trois moyens :
- Donner la possibilité de participer aux décisions clés particulièrement les décisions qui touchent la communauté. C’est une bonne idée d’impliquer les membres pour leurs idées et leurs opinions sur le fonctionnement de la communauté et des retours sur ce que fait l’organisation, ou de les solliciter avant de déployer une grande initiative.
- Rendre leurs statistiques visibles : quelques plateformes permettent aux contributeurs de voir le nombre de personnes que leur contributions ont touchées. Le fait de voir le nombre de personnes qu’ils ont aidées motive souvent à continuer.
- Leur donner des capacités uniques : donner la capacité de faire des actions que d’autres membres ne peuvent pas faire est aussi une bonne manière d’augmenter leur impact. Ça peut inclure la capacité de modérer, créer certains types de contenu, éditer des parties du projet (FAQ, documentation, base de connaissance, révision de bugs, du code, ou la vérification de données…)

4/ Connexion et sentiment d’appartenance
L'un des principaux avantages d'un programme qui rassemble les principaux contributeurs d’une communauté est de développer un sentiment d'appartenance et d'identité auprès de ses membres. Ils peuvent sentir qu’ils font partie d'un groupe unique et exclusif.

C'est peut-être l'un des rares endroits où ils se sentent vraiment à leur place et où ils ont l'impression d'être entourés des personnes qui partagent les mêmes idées. C'est peut-être la seule partie de votre communauté où il existe un véritable sentiment d'appartenance.

Pour celà vous pouvez :
- Promouvoir le bénéfice de rejoindre ce type de programme en mettant en avant la possibilité de connecter et de collaborer avec des personnes aussi passionnées et ambitieuses.
- Établir des rituels au travers de rencontres régulières et inviter les participants à échanger entre eux.

5/ Défis
Une motivation qui est rarement utilisée, mais peut être très puissante est d’offrir la possibilité de travailler sur des projets enthousiasmants avec d’autres membres de la communauté.

Parfois travailler sur un défi ou un problème enthousiasmant à résoudre, qui fasse écho aux rôles mentionnés dans la partie précédente sur les objectifs du commun, peut être une récompense suffisante.

Vous pouvez proposer un concours autour des défis du commun et voir si la communauté peut trouver une solution. C’est ici que donner accès à des outils ou de la formation peuvent être utiles aux membres de la communauté pour résoudre des problèmes encore plus difficiles qu’ils ne pourraient pas résoudre autrement.


Le saviez-vous ?

L’éditeur principal de Wikipedia, Steve Pruitt, était responsable de près de 3 millions d’éditions en 2019, soit un tiers des éditions de sa version anglaise et plus de 35,000 articles. Il passe trois heures par jour à faire des recherches, écrire et éditer, et il fait ça pendant son temps libre de manière complètement volontaire.

Alors pourquoi le fait-il ?

Il y a beaucoup de raisons, mais les principales sont que ce travail lui a permis de gagner une réputation légendaire sur Internet, un grand pouvoir d’influence sur un des sites les plus visités d’Internet, et des relations avec les autres contributeurs de la communauté.

Source: Washington Post


Actions :
- Listez 3 actions que vous pouvez mettre en place pour récompenser les membres du commun pour leurs contributions?

Maintenant que nous avons des objectifs clairs pour le commun, et que nous savons qui pourrait contribuer et où aller les chercher, comment les engager, et ce qui les motiverait à contribuer, c’est l’heure de mettre tous ces éléments ensemble pour permettre aux gens de participer.

D'une manière générale, vous devriez partager votre projet de commun en public lorsque vous vous sentez à l'aise avec le fait que d'autres personnes puissent consulter votre travail et vous faire part de leurs commentaires.

Quelle que soit l'étape à laquelle vous décidez de mettre votre projet en commun, que ce soit en open source ou en open data, chaque projet doit inclure la documentation suivante :

- Licence
- README
- Guide de contribution
- Code de conduite

En tant que responsable, ces éléments vous aideront à communiquer vos attentes, à gérer les contributions et à protéger les droits légaux de chacun (y compris les vôtres). Ils augmentent considérablement vos chances d'avoir une expérience positive.

Si votre projet est sur GitHub ou Gitlab par exemple, placer ces fichiers dans votre répertoire racine avec les noms de fichiers recommandés aidera les plateformes à les reconnaître et à les recommander à votre audience.

Choisir une licence

Une licence open source garantit que d'autres personnes peuvent utiliser, copier, modifier et contribuer à votre projet sans répercussions. Elle vous protège également contre les situations juridiques délicates. Vous devez inclure une licence ouverte lorsque vous lancez un projet de commun.

Le travail juridique n'est pas une partie de plaisir. La bonne nouvelle, c'est que vous pouvez copier et coller une licence existante dans votre dépôt. Cela ne vous prendra qu'une minute pour protéger votre projet.

MIT, Apache 2.0 et GPLv3 sont certaines des licences de logiciel ouvert les plus populaires, mais en fonction de la ressource sur laquelle vous travaillez, il existe d'autres options si vous travaillez sur du logiciel, des données, du contenu soumis au droit d’auteur ou sur du hardware.

Si vous avez d’autre questions sur les aspects légaux de la gestion d’un commun ouvert, vous pouvez aller sur cette ressource (en anglais) pour aller plus loin : https://opensource.guide/legal/

Écrire un README

Les README ne se contentent pas d'expliquer comment utiliser votre projet. Ils expliquent également pourquoi votre projet est important et ce que vos utilisateurs peuvent en faire.

Dans votre README, essayez de répondre aux questions suivantes du point vue d’un utilisateur :
- A quoi sert ce projet ?
- Pourquoi ce projet est-il utile ?
- Comment puis-je commencer ?
- Où puis-je obtenir de l'aide supplémentaire, si j'en ai besoin ?

Un README convivial et des exemples de code ou d’utilisation clairs permettront à toute personne arrivant sur votre projet de démarrer plus facilement.

Vous pouvez utiliser votre README pour répondre à d'autres questions, comme la manière dont vous gérez les contributions, les objectifs du projet et les informations relatives aux licences et à l'attribution.

Vous pouvez aussi pointer vers des contributions simples pour débuter : Pour aider les nouveaux contributeurs à démarrer, envisagez d'étiqueter explicitement les “issues” qui sont suffisamment simples pour que les débutants puissent s'y attaquer et commencer à se familiariser avec le projet. Ça augmentera les contributions utiles et réduira les frictions des utilisateurs qui s'attaquent à des problèmes trop difficiles pour leur niveau.

Si vous ne souhaitez pas accepter de contributions ou si votre projet n'est pas encore prêt pour la production, vous pouvez l’écrire ici.

Parfois, les gens évitent d'écrire un README parce qu'ils ont l'impression que le projet n'est pas terminé, ou parce qu'ils ne veulent pas de contributions. Si c’est le cas, ces informations peuvent très bien aller dans un README.

Pour plus d’inspirations vous pouvez aller sur ces ressources (en anglais) :
- Guide “Make a Readme” - Modéle de README

Écrire un guide de contribution

Un problème fréquent des communs c’est d’avoir beaucoup plus d’utilisateurs que de contributeurs. Et ce problème vient souvent du fait que les gens ne sont pas invités à participer, et quand ils le sont, il n’est pas toujours évident de savoir ce qu’il est possible de faire ou comment le faire.

Et c’est là où un fichier CONTRIBUER devient crucial pour indiquer à votre public comment participer à votre projet. C’est ici où on va inviter les gens à contribuer aux rôles qu’on a listé dans la première partie, les contributions que les membres eux-mêmes nous ont partagé pendant les entretiens, ou les contributions que les gens commencent à faire spontanément.

Par exemple, vous pouvez inclure des informations sur :

- Comment déposer un rapport de bug (essayez d'utiliser les modèles de demande d’issue et de pull request)
- Comment suggérer une nouvelle fonctionnalité
- Comment configurer votre environnement et effectuer des tests
- Comment enrichir des données
- Comment organiser un événement
- Comment proposer un article
- Comment traduire la documentation

En plus des détails techniques, un fichier CONTRIBUTION est l'occasion de communiquer vos attentes en matière de contributions, telles que :
- les types de contributions que vous recherchez
- votre feuille de route ou votre vision du projet
- la manière dont les contributeurs doivent (ou ne doivent pas) prendre contact avec vous

L'utilisation d'un ton bienveillant et amical et l'offre de suggestions spécifiques pour les contributions (telles que la rédaction d'une documentation ou la création d'un site web) peuvent grandement contribuer à ce que les nouveaux venus se sentent bien accueillis et enthousiastes à l'idée de participer.

Par exemple, Active Admin commence son guide de contribution (en anglais) par : “Tout d'abord, merci d'envisager de contribuer à Active Admin. Ce sont des personnes comme vous qui font d'Active Admin un outil aussi formidable.”

Dans les premières étapes de votre projet, votre fichier CONTRIBUER peut être simple. Vous devez toujours expliquer comment signaler les bugs ou les problèmes de fichiers, et toutes les exigences techniques (comme les tests) pour apporter une contribution.

Pour les contributeurs débutants de la communauté de votre commun, il est bénéfique de proposer et d’identifier clairement des premières contributions simples.

Au fil du temps, vous pourrez ajouter d'autres questions fréquemment posées à votre fichier CONTRIBUER. En écrivant ces informations, vous éviterez que des personnes vous posent toujours les mêmes questions.

Et si votre commun est soumis à des contraintes particulières de qualité et sécurité en raison de problèmes réglementaires et juridiques potentiels, vous pouvez établir des lignes directrices et des protocoles clairs pour les contributions. Cela permettra d’assurer une surveillance et un contrôle continus pour que le projet respecte les normes de qualité et de sécurité.

Pour trouver de l’inspiration pour rédiger votre fichier CONTRIBUER, vous pouvez consulter:
ou le document How to Build a CONTRIBUTING.md de Mozilla.
Action :
- Créez un lien vers votre fichier CONTRIBUER à partir de votre README, afin que davantage de personnes le voient.

Établir un code de conduite

Enfin, un code de conduite permet de fixer des règles de base pour le comportement des participants à votre projet. C'est particulièrement utile si vous lancez un projet de commun pour une communauté ou une organisation. Un code de conduite vous permet de mettre des garde-fous qui favorisent un comportement sain et constructif au sein de la communauté, ce qui réduira votre stress en tant que responsable de la maintenance du projet.

Au-delà de communiquer sur la manière dont vous attendez des participants qu'ils se comportent, un code de conduite tend également à décrire à qui ces attentes s'appliquent, quand elles s'appliquent et ce qui est prévu en cas de violation.

À l'instar des licences open source, il existe également des normes émergentes pour les codes de conduite, de sorte que vous n'avez pas à rédiger le vôtre de zéro.
Le Contributor Covenant est un code de conduite qui est utilisé par plus de 40 000 projets open source, dont Kubernetes, Rails et Swift. Quel que soit le texte que vous utilisez, vous devez être prêt à faire respecter votre code de conduite si nécessaire.
Lorsqu’un conflit surgit, vous pouvez rassembler les informations nécessaires sur la situation, et si besoin donner à la personne en question un avertissement public ou la contacter en privé pour leur partager comment la situation impacte négativement la communauté. Si la personne persiste à aller à l’encontre du code de conduite, vous pourrez envisager de la bannir temporairement ou définitivement.

Collez le texte directement dans un fichier CODE_DE_CONDUITE dans votre référentiel. Conservez le fichier dans le répertoire racine de votre projet afin qu'il soit facile à trouver, et créez un lien vers ce fichier dans votre README.

Pour aller plus loin :
https://opensource.guide/code-of-conduct/

Choisir le bon nom

Choisir un nom facile à mémoriser et, et idéalement, qui donne une idée de ce que fait votre projet. Par exemple :
Panoramax est une version de Google Street View ouverte. Le nom à été trouvé en impliquant la communauté. La BAN (Base Adresse Nationale), comme son nom l’indique, est une base de données des adresses en France
Si vous construisez sur un projet existant, utiliser son nom peut aider à clarifier ce que votre projet fait, par exemple, node-fetch amène la fonctionnalité window.fetch à Node.js).
Et privilégiez la clarté par-dessus tout. Des jeux de mots peuvent être marrants, mais ne se traduisent pas forcément et n’aident pas forcément à communiquer ce que fait le commun aux gens qui en ont besoin.

Éviter les conflits de nom

Vérifiez s'il existe des projets portant un nom similaire, en particulier si vous partagez le même langage ou le même écosystème. Si votre nom se superpose à celui d'un projet populaire, vous risquez de créer de la confusion auprès de votre public.
Assurez-vous que les noms que vous voulez sont disponibles pour le domaine du site web, de l'adresse Twitter ou d’autres plateformes où vous voudriez représenter le projet.

Dans l'idéal, réservez ces noms dès que vous les aurez choisi pour avoir l'esprit tranquille, même si vous n'avez pas l'intention de les utiliser tout de suite.

Assurez-vous que le nom de votre projet ne porte pas atteinte à des marques déposées.

Une autre organisation pourrait vous demander de retirer votre projet par la suite, voire intenter une action en justice contre vous.

Vous pouvez consulter la base de données de l'OMPI sur les marques mondiales pour vérifier s'il y a des conflits de marques.
Si vous travaillez dans une organisation, c'est l'une des choses pour lesquelles votre équipe juridique peut vous aider.

Enfin, faites une recherche rapide sur Ecosia pour le nom de votre projet. Les internautes pourront-ils facilement trouver votre projet ? Les résultats de la recherche font-ils apparaître quelque chose d'autre que vous ne voudriez pas qu'ils voient ?

Ressources pour aller plus loin : https://opensource.guide/legal/

Votre Checklist de pré-lancement

Vous êtes prêt à mettre votre projet en commun ? Voici une liste de tâches pour vous aider. Si vous avez coché toutes les cases, vous êtes prêt au lancement.

Vous pouvez cliquer sur "publier" et vous féliciter !
☐ Le projet a un fichier LICENCE avec une licence ouverte.
☐ Le projet dispose d'une documentation de base (README, CONTRIBUER, CODE_DE_CONDUITE).
☐ Le nom est facile à retenir, donne une idée de ce que fait le projet, n'entre pas en conflit avec un projet existant et ne porte pas atteinte à des marques déposées.
☐ S’il y en a, la file d'attente des issues du projet est à jour, avec des problèmes clairement organisés et étiquetés.

☐ Le projet utilise des conventions de code et données cohérentes et des noms de fonctions/méthodes/variables clairs.
☐ La ressource (code, données…) est clairement commentée, documentant les intentions et les limites.
☐ Il n'y a pas de matériel sensible dans l'historique des révisions, les “issues” ou les “pull request” (par exemple, des mots de passe ou d'autres informations non publiques).
Fournissez des exemples pour donner aux gens des idées sur la façon d'utiliser votre projet.

Si vous êtes un employé :
☐ Vous avez parlé à l’équipe juridique et/ou comprenez les politiques de propriété intellectuelle et open source / open data de l’organisation

Si vous êtes une organisation:
☐ Vous avez parlé à l’équipe juridique.
☐ Vous avez un plan de communication pour annoncer et promouvoir le projet.
☐ Quelqu’un est responsable de faire le lien avec la communauté et gérer les interactions (par exemple: répondre et revoir les tickets entrants sur les issues, et intégrer les pull requests).
☐ Au moins deux personnes ont un accès admin au projet.

Lancer la communauté

C’est l’heure de lancer le commun et de le partager avec le monde. Et la tentation peut être forte de le lancer en fanfare avec un grand événement. Mais c’est important de résister à cette tentation et de commencer petit.

Pourquoi ?

Pour plusieurs raisons :
- Aucun commun ni communauté n’a commencé avec un grand lancement, mais plutôt de petits rassemblements qui se sont élargis au fur-et-à-mesure que les membres prennent des rôles actifs et embarquent eux-mêmes de nouveaux membres.
- Les grands lancements sont un grand risque, coûtent cher, et engendrent un niveau d’activité difficile à maintenir sur la durée.
- Les grands lancements et leur baisse d’activité s'assurent que la majorité de votre audience démarre avec une mauvaise première impression de la communauté de votre projet. - Ce qui fait plus de mal que de bien.
- Les grands lancements créent des attentes trop élevées
- Les grands lancements mettent l’emphase sur le fait que des utilisateurs s’enregistrent, pas sur le fait qu’ils contribuent activement.

Donc même si c’est bénéfique de voir grand, c’est tout aussi important de commencer petit et de s’assurer de mettre en place des actions qui peuvent générer de l’activité dans un petit groupe pour poser les fondations nécessaires au développement du commun.

Voyons concrètement quelles sont ces “petites” actions.

Imaginez que vous souhaitez contribuer à un projet de commun, mais vous ne voyez pas pourquoi ni comment ça fonctionne.

Lorsque vous démarrez un nouveau projet, il peut vous sembler naturel de garder votre travail confidentiel. Mais les projets ouverts prospèrent lorsque vous documentez votre processus en public.

Lorsque vous écrivez, un plus grand nombre de personnes peuvent participer à chaque étape du projet. Vous pourriez obtenir de l'aide sur quelque chose dont vous ne saviez même pas que vous aviez besoin.

La mise par écrit ne se limite pas à la documentation technique. Chaque fois que vous ressentez le besoin d'écrire quelque chose ou de discuter en privé de votre projet, demandez-vous si vous pouvez le rendre public.

Soyez transparent sur la feuille de route de votre projet, sur les types de contributions que vous recherchez, sur la manière dont les contributions sont examinées ou sur les raisons pour lesquelles vous avez pris certaines décisions.

Si vous remarquez que plusieurs utilisateurs rencontrent le même problème, documentez les réponses dans le fichier README.

Pour les réunions, envisagez de publier vos notes ou vos conclusions dans une “issue” dédiée. Le retour d'information que vous obtiendrez grâce à ce niveau de transparence pourrait vous surprendre.

Le fait de tout documenter s'applique également au travail que vous effectuez. Si vous travaillez sur une mise à jour importante de votre projet, publiez-la dans une “pull request” ou dans les canaux que vous utilisez et indiquez qu'il s'agit d'un travail en cours (Work in Progress - WIP). De cette façon, d'autres personnes peuvent se sentir impliquées dans le processus dès le début.

Exemple pour aller plus loin : Le manuel de Gitlab de leurs programmes communautaires, et les communautés qui les inspirent

Au fur et à mesure que vous ferez la promotion de votre projet, les gens vous feront part de leurs retours.

Ils peuvent avoir des questions sur le fonctionnement du projet ou avoir besoin d'aide pour démarrer. Essayez d'être réactif lorsque quelqu'un partage un ticket, soumet une contribution ou pose une question sur votre projet. Lorsque vous répondez rapidement, les gens sentent qu'ils font partie d'un dialogue et ça nourrit leur enthousiasme à l'idée de participer.

Même si vous ne pouvez pas examiner la demande immédiatement, le fait de confirmer que vous l’avez bien reçu rapidement contribue à accroître leur engagement.

Une étude de Mozilla a montré que les contributeurs qui recevaient des révisions de code dans les 48 heures avaient un taux de retour et de contribution répétée beaucoup plus élevé. Des conversations sur votre projet peuvent également avoir lieu dans d'autres plateformes comme Stack Overflow, Twitter, Reddit, Discord ou là où se rassemble votre communauté. Vous pouvez configurer des notifications sur certains de ces sites afin d'être alerté lorsque quelqu'un mentionne votre projet.
Lorsque quelqu'un de nouveau arrive sur votre projet, remerciez-le pour son intérêt ! Il suffit d'une seule expérience négative pour que quelqu'un ne veuille plus revenir.

Soyez réactif. Si vous ne répondez pas à leur question pendant un mois, il y a de fortes chances qu'ils aient déjà oublié votre projet.

Faites preuve d'ouverture d'esprit quant aux types de contributions que vous acceptez. De nombreux contributeurs commencent par un rapport de bug ou une petite correction. Il existe de nombreuses façons de contribuer à un projet. Laissez les gens vous aider comme ils le souhaitent.

Si vous n'êtes pas d'accord avec une contribution, remerciez la personne pour son idée et expliquez pourquoi elle n'entre pas dans le cadre du projet, en renvoyant à la documentation pertinente si vous l'avez.

La majorité des contributeurs aux communs sont des "contributeurs occasionnels", c'est-à-dire des personnes qui ne contribuent qu'occasionnellement à un projet. Un contributeur occasionnel peut ne pas avoir le temps de se familiariser avec votre projet, votre rôle est donc de lui faciliter la tâche.

Encourager d'autres contributeurs, c'est aussi vous aider vous-même. Lorsque vous donnez à vos membres les plus engagés les moyens de réaliser le travail qui les enthousiasme, la pression de tout faire vous-même diminue.

Il y a deux raisons de donner à votre communauté un lieu où se rassembler.
La première raison est pour eux : aider les gens à se rencontrer entre eux et se connaître.
Les personnes ayant des intérêts communs voudront inévitablement disposer d'un lieu pour en parler. Et lorsque la communication est publique et accessible, n'importe qui peut lire les archives passées pour se mettre à jour et participer.
La deuxième raison est pour vous. Si vous n'offrez pas aux gens un lieu public pour parler de votre projet, ils vous contacteront probablement directement.
Au début, il peut sembler facile de répondre aux messages privés "juste pour cette fois". Mais avec le temps, surtout si votre projet devient populaire, vous vous sentirez épuisé. Résistez à la tentation de communiquer en privé avec les gens au sujet de votre projet. Dirigez-les plutôt vers un canal public désigné.
La communication publique peut être aussi simple que d'indiquer aux gens de poser leurs questions sur un forum ou sur le Gitlab de votre projet, au lieu de vous envoyer un courrier directement ou de commenter sur votre blog. Vous pouvez également mettre en place une liste de diffusion, créer un compte Twitter ou un canal Slack pour que les gens puissent parler de votre projet.
Ou tester plusieurs de ces canaux, mais mettez toujours en place des canaux que votre audience utilise et que vous avez identifiés dans la phase d’entretiens initiale, plutôt que de leur faire apprendre un nouvel outil qu’ils n'utiliseront pas.
Vous pouvez aussi réserver des heures d’échanges en visio toutes les deux semaines pour aider les nouveaux arrivants de la communauté, partager des conseils ou valider de nouvelles idées.
Les exceptions notables à la communication publique sont :
1) les problèmes de sécurité,
2) les violations du code de conduite. Vous devez toujours prévoir un moyen pour les utilisateurs de signaler ces problèmes en privé.
Par exemple, Arduino a mis en place une page qui explique comment partager les vulnérabilités de manière sécurisée et privée pour éviter que ces vulnérabilités se propagent…
Si vous ne souhaitez pas utiliser votre adresse électronique personnelle, créez une adresse électronique dédiée.

À mesure que votre projet gagnera en popularité, de plus en plus de personnes s'intéresseront aux décisions que vous prenez.

Même si vous n'avez pas une grande communauté de contributeurs, si votre projet a beaucoup d'utilisateurs, vous trouverez des gens qui partageront leur avis ou leurs problématiques.

Dans la plupart des cas, si vous cultivez une communauté amicale et respectueuse et que vous avez documenté ouvertement vos processus, votre communauté devrait être en mesure de trouver une solution. Mais il arrive parfois qu'un problème soit un peu plus difficile à résoudre.

C’est pourquoi il est important de fixer la barre de la bienveillance tôt dans le projet : la façon dont vous vous comportez influe sur ce que les autres imiteront.

Il est important de se rappeler que derrière les écrans il y a des personnes avec leurs propres expériences et difficultés. Quand quelqu’un demande si vous pourriez réviser leur contribution, il est plus utile de prendre le temps et faire un retour constructif, que de rabaisser ce qu’ils ou elles ont fait.

Lorsque votre communauté débat un problème difficile, les esprits peuvent s'échauffer. Les gens peuvent se mettre en colère ou être frustrés et s'en prendre les uns aux autres, ou à vous.

En tant que responsable du maintien du commun, votre rôle consiste aussi à éviter que ces situations ne dégénèrent. Même si vous avez une opinion bien arrêtée sur le sujet, essayez de prendre la position d'un modérateur ou d'un facilitateur, plutôt que de vous lancer dans la dispute et d'imposer votre point de vue. Si quelqu'un devient insultant ou monopolise la conversation, agissez immédiatement pour que les discussions restent civilisées et productives.

D'autres personnes attendent de vous des conseils. Montrez l'exemple. Vous pouvez toujours exprimer votre déception, votre mécontentement ou votre inquiétude, mais faites-le calmement.

Garder son sang-froid n'est pas facile, mais faire preuve de leadership améliore la santé de votre communauté et assure sa collaboration à long terme.

Pour aller plus loin : Empathy in Open Source, par Sindre Sorhus
Et pour continuer à faire grandir votre communauté : Open Source Guide : Building Community

Checklist des étapes de construction de votre commun


Mois 0
Rechercher d'autres communautés qui pourrait être intéressées à contribuer
S'entretenir avec des membres de ces communautés et rassembler leur retours sur l'idée du commun
S’entretenir avec la direction de votre organisation pour comprendre quels objectifs le commun pourrait poursuivre et créer une présentation pour défendre le commun dans l'organisation

Mois 0-2
Rechercher l'audience du commun
Développer la stratégie de communauté
Spécifier les besoins et fonctionnalités du commun
Obtenir l'approbation du budget

Mois 3-5
Mettez en place le commun, la documentation et la plateforme pour accueillir la communauté
Identifiez et contactez 30 à 50 membres fondateurs de la communauté
Engagez vos parties prenantes et préparez les supports de communication pour soutenir le lancement de la communauté

Mois 6
Inviter les premiers membres fondateurs à vous rejoindre, solliciter leur feedbacks et leurs idées (et créez ces rôles de membres fondateurs)
Finaliser le design et la configuration de la plateforme communautaire de votre choix
Finaliser le choix de la licence, et la rédaction du README, des guides de contribution, et du code de conduite
Assurez-vous d'avoir au moins 15 participants actifs dans la communauté
Segmentez votre audience identifiée en 3-4 segments en fonction de leur niveau d’engagement et d'intérêt par rapport au commun. Vous pouvez contacter les cercles plus éloignés au fur-et-à-mesure que le commun gagne en traction.

Mois 7 (Officialisation)
Envoyez un mail pour présenter le commun au premier segment de votre mailing list
Positionnez le commun sur le site de l'organisation
Promouvez le commun à travers les canaux de communication de votre organisation
Créez un message de bienvenue pour votre commun
Incluez le lien du commun dans votre signature
Assurez-vous de répondre à tous les messages entrants (dans la limite du raisonnable)

Mois 7-8
Promouvez le commun auprès des segments suivants de votre mailing list
Créez un groupe pour échanger avec les membres fondateurs et les plus actifs.
Lancez la première invitation à contribuer au commun et sollicitez la communauté
Mesurez le progrès du commun par rapport aux objectifs fixé avec le reste de l’organisation et ajustez

Mois 8
Identifiez les sources où vous pouvez trouver de nouveaux membres, et partagez le commun sur ces canaux
Concevez et améliorez le parcours utilisateur en vous inspirant de la courbe d’engagement
Développez un parcours pour soutenir, récompenser et engager vos membres les plus actifs

Mois 10+
Augmentez graduellement la valeur que la communauté a pour l’organisation
Augmentez graduellement la valeur de la communauté pour les membres
Développez des argumentaires pour augmenter l’équipe qui s’occupe du commun
En continu : maintenance, modération et amélioration du commun et de sa communauté

Ressources pour aller plus loin
https://mypads2.framapad.org/mypads/?/mypads/group/bibliotheque-sur-les-communs-bk39v99d4/pad/view/bibliotheques-ressources-sur-les-communs-sq39y992c


Ce contenu est sous licence CC BY-SA 4.0 (Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International). Il a été élaboré par Jaime Arredondo, Romain Barrallon, Anthony Cara et Renée Zachariou du collectif Ouishare, en collaboration avec Frédéric Cantat, Gaëlle Romeyer et Nicolas Berthelot de l’IGN.